J’ai testé pour vous… le village de la Francophonie à Tananarive

Article : J’ai testé pour vous… le village de la Francophonie à Tananarive
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24 novembre 2016

J’ai testé pour vous… le village de la Francophonie à Tananarive

En une semaine, j’aurai posé à côté de François Hollande, de Michaëlle Jean, du Président malgache, de la directrice de RFI, du ministre ivoirien de la Jeunesse et des télécommunications, de la ministre canadienne du Développement et de la Francophonie et probablement de toute une autre série de personnalités dont je n’aurais pas réussi à saisir le titre et la fonction avant qu’ils ne continuent leurs tournées de poignées de main.francophonie-drapeaux

Suivre une formation au village de la Francophonie, c’est un peu comme être au centre de ce qui se fait de plus important à Madagascar en 2016 tout en n’étant pas vraiment à Madagascar. En arrivant à Antananarivo, j’ai sillonné les rues de la capitale, le temps d’une matinée, puis la semaine de Sommet et de formation commençant, s’est installé un va-et-viens routinier qui me laisse penser que je n’aurais vu de Madagascar, en définitive, que son village francophone et son hôtel Anjary.

Village de la francophonie

 

Alors parlons-en de ce village : on a beau dire, même si les peintres et les maçons étaient toujours à l’œuvre alors que les stands étaient en train d’être installés, même si l’électricité n’aura cessé, durant toute cette semaine d’aller et de venir au gré des délestages, même si les chapiteaux ont dû pallier les salles qui n’avaient pas été construites à temps… on a beau dire, ils ont su y faire, les malgaches. Le tout donne une impression de lieu extrêmement propre, soigné, lumineux, coloré, moderne, un vrai village-témoin de catalogue Thomas et Piron.

 

village-francophonie-2

 

Au milieu de ce village, on trouve des stands promotionnels d’à peu près tout ce qui se fait aux quatre coins de la Francophonie, depuis l’ONG sénégalaise jusqu’au pavillon marocain venu alimenter les clichés à grands renforts de thé, de tapis et de musiciens traditionnels, depuis le très épuré « salon France », grande pièce bleue et blanche avec trois écrans interactif jusqu’au petit stand du Nouveau-Brunswick, 4 mètres carré, plein comme un œuf, chacun y va de son opération marketing tellement lissée qu’on pourrait voir s’y refléter l’ombre du conseiller en communication qui l’a polie.

Alors vu qu’une vitrine et un vernis propret, c’est vite lassant, j’ai choisi une fois de plus d’aller voir derrière, ce qui s’y passait.

La trogne de Madagascar


Derrière, j’ai croisé Thierry, spécialiste malgache des nouvelles technologies, une sorte de hipster africain prouvant une fois de plus que l’Afrique, si elle avance pas à pas à coup de projets de développement, ne se résume pas à cela. Le taux de pénétration d’internet tourne autour de 3% à Madagascar aujourd’hui. C’est peu, avouons-le. Mais si dans ces 3 %, on compte des individus capables de faire avancer notre rapport au web, on aurait tort de l’éclipser sous couvert d’aide humanitaire.

le visage du Camerounmireille Flore

Derrière la vitrine, j’ai croisé Mireille, mère au foyer camerounaise qui assume et revendique à qui veut bien l’entendre son identité de mère au foyer. On ne peut que respecter une telle pugnacité dans la volonté de mettre en valeur ce rôle que la société occidentale moderne a relégué au rang des positions viles, vestiges d’une époque dépassée. Je n’aurais jamais cru l’écrire, mais mère au foyer, pour Mireille, est vécu comme l’avant-garde de la modernité dans sa place de femme, et je le dis sans aucune forme d’ironie.

La bouille de l’Afrique du Sud

amelie

Derrière le vernis j’ai croisé Amélie en qui j’ai retrouvé une belle part de mon propre parcours et croyez-le ou non, ça fait du bien de se rendre compte qu’on est quelques-uns à suivre des chemins parallèles : française, scoute, migrante au Burkina-Faso puis dans les townships d’Afrique du Sud. Elle aussi veut que sa maison, son travail et sa vie de famille ressemblent à son engagement. Elle aussi est convaincue que, de l’oublié de Soweto à l’incarcérée de Fresnes en passant par le réfugié syrien, on ne construira une société meilleure qu’en la construisant avec tout le monde. Pfiou ! On n’est pas seuls !

Et la tête de la Thaïlandeadrien

Derrière le vernis, j’ai croisé Adrien qui m’a entrouvert les portes d’une expatriation si proche et en même temps si lointaine de la mienne. En quelques échanges, il m’a démontré à quel points être belge au Rwanda et être français en Thaïlande se ressemblait, mais à quel point, au-delà de ces expériences communes nous attendent un monde inépuisables de découvertes culturelles qui, sur chaque continent, dans chaque pays, se renouvellent et donnent tout leur sens à cette expérience de vie exceptionnelle que représente le voyage.

Quatre rencontres

Quatre rencontres qui en termes de contenu auraient pu remplir à elles seules toutes les vitrines, tous les stands protocolaires et toutes les poignées de main photogéniques d’un village artificiel. Si ce village était nécessaire, alors tant mieux, il aura rempli sa fonction : faire se rencontrer des peuples qui ne partagent rien entre eux sinon une langue, une histoire et de bribes de culture. Le reste n’est que tissage… et lien social !

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Commentaires

Mireille flore chandeup
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Tanguy et sa plume, que dire ?

Tanguy Wera
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Moi je sais quoi répondre en tout cas : merci Mireille!