Ne me dis pas que t’es retourné en Afrique!
Non mais, sérieusement, qu’est-ce que tu fabriques encore à Madagascar ?
T’aides les gens ? Non. Ben alors. T’es européen et tu prétends devoir aller jusqu’à Madagascar pour suivre une « formation »… tous frais payés ? la bonne blague ? Profiter d’un séjour pareil, c’est pas un peu contradictoire avec genre… toutes tes valeurs ?
Elle est où la cohérence ?
Après le Sénégal, le Congo, le Rwanda, l’Ouganda, Zanzibar… T’avais pas ton compte en termes de voyages ? Non, mais, objectivement, tu te sens pas un peu mal à l’aise à partir comme ça, aux frais d’RFI et de la Francophonie parader sous le soleil ? Tu fais partie des franges de la population mondiale les plus aisées et les plus éduquées, des gens avec l’accès le plus facile à l’information. Honnêtement, t’avais besoin, d’une formation pareille ? T’aurais pas pu laisser la place à quelqu’un d’autre ?
Alors qu’est-ce que je fous là ?
Deux trucs en fait.
Oui, je suis une formation sur le blogging, mot assez barbare pour ce journalisme qui n’en est pas un, cet épanchement personnel qui vise à être quand même autre chose qu’une forme de narcisime moderne. Quoi d’autre? Il y a des chances que je vous le dise à la fin de la semaine, quand j’aurais compris. Là, concrètement, je suis à peu près aussi dépaysé à Madagascar qu’à Blogland. Or au vu du nombre de conneries qui circulent sur internet, essayer d’être un citoyen du net intelligent, informé, c’est pas pire. Puis le faire à l’aide de journalistes pros qui ont planché là-dessus pendant des années, pouvoir interagir avec eux en temps réel, c’est mieux, non ? Enfin je crois.

Mais ce qui est en train de se passer va au-delà d’une formation intéressante, même si c’est le cas.
An history of internet
Au fond, on est en train de faire ce qu’Internet est censé faire depuis… pfiou, un bon moment. Souvenez-vous, vous aviez 7 ans et un mec vous a dit « ma fille, grâce à Internet, tu vas pouvoir entrer un contact avec la planète entière ! » pas naïve, vous lui aviez répondu « oui sauf que je ne maitrise ni le mandarin, ni le quechua, ni le wolof » et là, le gars qui avait anticipé la réaction – le fourbe – vous avait sorti « mais mon enfant, la francophonie : de Port-au-Prince à Bamako, du Québec la Réunion… ».
Bon, on est là, 20 ans plus tard et, avouez, quand Aboubacar Traoré, malien, vous ajoute sur facebook, vous êtes quand même plutôt réticents. Qui d’entre nous, quand il entend parler d’un ouragan en Haïti, se rend sur le blog de Peterson Antenor ? Qui, quand il entend un premier ministre français aller donner des leçons aux africains, tente de lire la réponse de ces mêmes africains, David K Pelly par exemple, à ce premier ministre ? Et même quand votre pote va se dorer la pilule à Madagascar, qui a le réflexe d’aller voir sur ce qui s’y passe ? Pourtant, on se le répète à longueur de journées que les médias traditionnels nous donnent une information partielle, partiale, vendue au grand capital, tout ça, tout ça.
faire plus que cliquer sur le lien
Alors c’est tout con mais créer des liens, entre moi et cette blogueuse-slameuse congolaise qui vit au Sénégal, entre moi et cette charmante ivoirienne au caractère fort, entre moi et ce togolais hyper populaire ou ce geek plutôt sympa qui vit au Cameroun, ça me semble être un beau moyen de relancer un lien à côté duquel on était peut-être passé, tout occupés que nous étions à cliquer sur des liens qui nous menaient de Google à Wikipedia, de Youtube au Gorafi en laissant un truc central de côté : le lien humain.

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